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se gausser des rebouteurs, ses voisins qui riaient de ses contes, enfin Jacques Sauviac dont les sourcils froncés témoignaient d’une contention de silence pénible ; repoussant son assiette pleine, le jeune garçon se leva brusquement et sortit de la grange.

Un quart d’heure après, Sauviac, se sentant incapable de supporter sans mot dire les brocards qui l’assaillaient presque directement, disparut à son tour. Joseph Courot célébra cette victoire comme un combattant resté maître du champ de bataille, et il triompha tout à fait lorsque le père Billot vint faire une singulière communication au maître des Ravières.

« Not’maître, dit le vigneron, est-ce que vous avez donné commission pressée au garçon de l’étameur pour qu’il ait attelé notre meilleur cheval au char à bancs et qu’il soit parti avec au grand galop ?… J’ai peur qu’il ne nous gâte Rouget, car la bête est vive, et le gars la menait d’un train… Si vous m’aviez donné la commission, à moi, je l’aurais bien faite tout de même à sa place.

Moi ! dit Claude Chardet étonné. Je n’ai rien commandé du tout. Ni toi Philibert ?

— Ni moi.

— Ni moi non plus, dit à son tour la tante Catherine. C’est la Marion qui vient de nous apprendre le coup de hardiesse de ce jeune garçon. Nous avons cherché son père partout. Nous ne le trouvons nulle part.

— C’est trop prendre de peine, s’écria Joseph Courot, et de la peine bien inutile. Il aura été attendre son fils à quelque tournant de chemin. Voilà ce que c’est que de recevoir dans sa maison des gens sans feu ni lieu. Ce sont tous des insolents, des garnements, des voleurs.

— Mais leur mulet est encore à l’écurie et leur charrette