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lait infliger la leçon d’être blâmé de ses sottises devant une compagnie nombreuse. Comme la moindre des choses que l’on pût faire pour Sauviac et pour son fils était de les convier au festin commencé, on fit entrer la charrette dans la grande cour, jusqu’au perron du logis neuf, et, pendant que Claude Chardet désignait à Vittorio l’écurie où le mulet devait être hébergé, Philibert Chardet transportait sa nièce dans sa chambre.

Une demi-heure après, Alice s’endormait de pure fatigue, car ses mains étaient chaudes et son pouls battait la fièvre. Cependant ce repos paraissait lui faire du bien, et tante Catherine, qui l’avait déshabillée, disait que les bandages entourant son pied et sa jambe étaient arrangés et serrés par une personne qui s’y entendait. Néanmoins, son mari n’était pas rassuré. Sans la moindre intention de prendre part au repas, il alla dans la grange demander tout bas à son père s’il ne serait pas bon de faire venir un médecin, c’est-à-dire de faire atteler pour courir à Montbellet ou à Tournus, la Faculté n’ayant pas même un officier de santé qui la représente à Uchizy.

« À quoi bon, puisque cet homme a fait tout ce qu’il y avait à faire ? répondit le maître des Ravières d’un ton qui interdisait toute insistance. C’est inutile. D’ailleurs, gens et bêtes sont fourbus ce soir. On verra demain si la petite a besoin de drogues.

On le voit, Claude Chardet avait ce préjugé campagnard qui redoute la présence des médecins.

« Allons, allons, dit ensuite Claude Chardet à son fils, fais-toi une meilleure figure. On a déjà causé de ton absence à table. Assieds-toi et mange, ne serait-ce que pour que je puisse aller voir Alice à mon tour. Est-ce que tu crois que je n’ai pas une peine aussi grosse que la tienne ? Mais il faut