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— Mais avec de l’estime, et nous ne serons pas chiches de cette monnaie-là, puisque vous n’en voulez pas d’autre, » lui répondit Philibert, qui, après avoir à son tour serré la main de Sauviac, se dirigea avec son père vers le portail pour aller embrasser les deux enfants.

La charrette était un peu en arrière, tout contre le mur du domaine. Paul en descendit pour venir sauter au cou de son grand-père et de son oncle, qui trouvèrent Alice aussi doucement installée que possible sur le banc où elle était étendue.

Après les premiers moments d’effusion, Philibert aperçut, derrière la charrette, Vittorio qui tenait Pétrus par sa veste, comme un gendarme tient un prisonnier récalcitrant. Les yeux du jeune maître des Ravières rencontrèrent ceux du garçon qui lui dit sans embarras :

« Monsieur, excusez-moi, je fais ici office de garde champêtre. Ce n’est pas que cela m’amuse d’avoir au bout de mon poignet ce petit bonhomme ; mais mon père me l’a commandé, parce que ce malin-ci a voulu prendre la poudre d’escampette quand nous avons approché d’Uchizy. M’en a-t-il donné des coups de pied ! Il rue comme un poulain… N’importe ! voici le criminel, et puisque, selon les idées de mon père, c’est vous qui êtes son juge, dites-moi, monsieur, si je puis le lâcher. Franchement, cela m’arrangera autant que lui.

— Emmène Pétrus dans la grange où l’on est installé pour dîner, dit l’oncle Philibert à Paul, après avoir fait au petit compagnon de son neveu une admonestation sévère.

— Lui, dit Paul en regardant Pétrus de travers. J’aimerais mieux emmener Vittorio, qui a pleuré en entendant crier Alice. Pétrus a ricané tout le temps que l’homme le grondait. Je n’aime plus Pétrus. »

Paul dut cependant se résoudre à être suivi dans la grange par Pétrus, auquel l’oncle Philibert, sans en rien dire, vou-