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Il ajouta, la cauſe m’eſt commune,
Hélas ! ſur moi tombe votre infortune,
Si la roſée eſt ſouſtraite à vos fleurs,
Je n’aurois plus bientôt d’adorateurs,
Et mes carreaux dans mes mains inutiles,
Ne frapperoient que des monts immobiles ;
Par intérêt autant que par amour
Vous me verrez repeupler votre Cour ;
Mais le dirai-je ! une lâche indulgence
De votre culte a fait la décadence,
Dans mes bureaux ſont des tas de placets
De gens meurtris, bleſſés par vos lacets,
Et je n’entends que plaintes, que murmures
Contre l’abus que font vos mignatures
De ces attraits, qu’elles n’ont des deſtins
Que pour ſervir au bonheur des humains.
Jamais Ninon ne peut être aſſouvie,
Met ſes Ribauds ſucés à l’agonie ;