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POËTES ET AMOUREUSES DU XVIe SIÈCLE

devint assez replet sur la fin de ses jours. Il étoit d’une humeur agréable en conversation, aimant extraordinairement la réjouissance et la bonne chère, mais pourtant homme d’honneur et bon ami.

« C’est de ses vers qu’il a tiré sa plus grande gloire, et véritablement il faut avouer qu’ils ont une facilité, une clarté, une élégance et un certain tour que peu de personnes sont capables d’imiter. Deux choses, si je ne me trompe, ont produit principalement ce bel effet. Premièrement il affecte de détacher tous ses vers les uns des autres, d’où vient qu’on en trouve souvent cinq ou six de suite qui ont leur sens parfait :

Nos beaux soleils vont achever leur tour.
Livrons nos cœurs à la merci d’Amour.
Le temps qui fuit, Cloris, nous le conseille.
Mes cheveux gris me font déjà frémir.
Dessous la tombe il faut toujours dormir.
Elle est un lit où jamais on ne veille.

« En second lieu, il observe dans ses expressions une construction simple, naturelle, où il n’y ait ni transposition ni contrainte ; de sorte qu’encore qu’il y travaillât avec un soin incroya-