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À MA MÈRE.


SONNET


Ne me torturez plus, ô souvenirs d’enfance !
J’ai besoin d’oublier tout ce que j’ai souffert ;
J’ai sur mon cœur vieilli mis un sceau de silence,
Mon déchirant passé d’un linceul est couvert.

Cependant, ô ma mère ! oh ! malgré moi je pense,
À ma vie isolée ainsi qu’en un désert ;
Je pense aux jours passés dans votre indifférence,
Au douloureux dédain à mon amour offert.

Oh ! vous n’avez pas lu dans mon âme embrasée ;
Votre enfant près de vous dut gémir épuisée :
Vous n’avez jamais su combien je vous aimais !

Maintenant que tout dort sous la tombe profonde,
Dieu vous a dit sur moi ce qu’ignorait le monde :
Votre mot de retour je ne l’aurai jamais !


7 décembre 1853.