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seul ne serait pas arrivé. Rien n’est tel que la douleur pour chasser la légèreté, éteindre l’indifférence, donner son prix à la sagesse et à tout ce qui vient du cœur. Ne confiez que peu de choses aux personnes qui n’ont pas souffert.

Enfin, vous savez qu’ici-bas le plus tendre de vos amis est toujours celui qui a le plus souffert, ou qui a aimé avec le plus d’abnégation. La mesure de l’amour fait la mesure de la douleur, mais la mesure de la douleur donne toujours celle de l’amour. Ces hommes dont le caractère est à la fois si ferme et l’esprit si doux, ces hommes, sur lesquels se repose le cœur et que chacun désire consulter, ne se rencontrent que parmi ceux qui ont traversé les grandes difficultés de la vie, qui ont été plus ou moins à l’école de la douleur. Vous qui avez souffert, vous ne savez pas combien vous êtes devenus précieux ; vous ne savez pas quelle lumière sort de vos yeux et quel miel coule de vos lèvres !

Et vous qui souffrez, puissiez-vous trouver ici l’argument de vos consolations ! Songez que la douleur est l’instrument divin qui prépare votre