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lorsqu’elles coulent sur le cœur, un sentiment si vif et si délicat de ce que le Ciel veut de nous, que nous sommes prêts à nous donner comme des hosties purifiées ? On ne pleure que lorsqu’on a trop de choses dans le cœur.

La douleur avance pas à pas, et l’homme sent en lui un noyau immortel qui ne peut être atteint, qui s’enflamme, qui brille, qui se réjouit à mesure que l’épreuve pénètre en nous. Et ce point où la douleur s’ouvre sur la joie ! vous savez d’où vient l’âme : quand l’émotion descend tout à fait au fond, ne soyez plus surpris si l’on trouve le Ciel. Oh ! les larmes ne viennent pas de l’homme, je vous le jure ! elles ont plongé dans l’ivresse tout un côté de mon cœur.....

Un tendre ami me répondit un jour : « Remarquez, lorsqu’on a traversé de grandes douleurs, que pour tout au monde on ne voudrait pas ne les avoir point souffertes. » Quel beau mystère est dans cette pensée !

Comme les doigts de la douleur savent entrer dans le cœur et pétrir jusqu’au fond cette pâte sacrée ! Mais Dieu pouvait-il le toucher autrement