Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sensibilité, jusqu’à ce qu’on se rapproche de la douleur. Ce sont les douleurs de la fatigue, de la privation et de l’effort, qui, dispensées avec mesure et persévérance, maintiennent la vigueur aux organes. Qu’une trop grande abondance de vitalité accoure sur un point, la souffrance aussitôt s’y fait sentir.

Fragiles et mortels, les organes du corps ne supportent qu’à faible dose la condensation de la vie ; s’ils pouvaient contenir la plénitude de la douleur, ils parviendraient à la perpétuité. Mais, au sein de l’âme immortelle, la douleur opère en toute sûreté. On la voit toujours revenir vers les mêmes endroits du cœur, il n’est rien de tel que d’être intéressé au fond, pour perdre plusieurs fois sa fortune ; ambitieux, pour rester sans cesse humilié ; trop sensible, pour perdre l’objet de ses affections.

De là, suivant les parties que la douleur affecte en nous, elle indique nos côtés les plus faibles. Toutefois, dès qu’elle entre dans l’âme, elle pénètre partout. Et où la douleur a passé, soyez sûr qu’elle a étonnamment accru la vie. Voyez,