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la douleur vient de briser. Dans son orgueil, il ne vivait que de lui seul et repoussait la sympathie. Mais, à l’heure de la douleur, ce cœur si intraitable n’a plus rien de dur ; il renonce au mal, il vous appelle, il répète le mot de consolation, se donne à vous et demande avec effusion que vous l’aimiez un peu. Jugez combien d’amour est né de la douleur !

Or, l’amour et l’humilité étant le contraire exact de l’orgueil, ici l’orgueil est étouffé parla douleur.


L’être s’était en quelque sorte noué par l’orgueil : une force devra le briser en éclats avant qu’il se reconstitue ; c’est la mort. Car, sans l’orgueil, la mort, ce temps d’arrêt dans l’être, n’aurait peut-être pas existé. La mort ne semble pas une chose naturelle : la nature a-t-elle horreur de ce qui lui est conforme ? la mort n’appartient pas vraiment à l’être ; elle fut envoyée par la vie pure contre le mal, cet ennemi de l’être.

Née de l’infortune de l’homme et annoncée dans le paradis terrestre, la mort vient sur les pas de notre liberté pour en dévorer d’un seul