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à celle du second. Mais, tombant au-dessous de cet état, l’homme s’est trouvé de suite en proie au douloureux travail de l’être aux prises avec le non-être.

La création, faisant franchir à l’homme tous les abîmes du néant, l’avait en quelque sorte amené à la surface de l’être. Il ne restait à l’homme qu’à s’élever selon sa loi ; il n’avait pas à remonter tous ces degrés inférieurs où il est descendu et où il a rencontré la douleur, indispensable désormais au régime de son être.

La volonté et le cœur, ces deux pôles de l’homme, s’étant amollis, la douleur n’est qu’un travail plus profond imposé à l’exercice du cœur. Elle vient comme un feu âpre ranimer une liberté expirante et rallumer un amour qui s’éteint. L’homme désespéré s’enfonce dans le mal, s’abandonne lui-même, perd de vue sa destinée : il voudrait retomber dans l’oubli éternel. La douleur est l’instrument qui va de nouveau l’arracher au néant.

Rien n’est plus habile que la douleur. Elle rétablira la vie dans la nature humaine précisément par ses deux grands organes.