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purifiant l’amour. Il forme la première par la lutte, qui est dans le travail ; il prépare le second par l’amour, qui naît dans la famille et que divinise la foi.

Aussi deux choses remplissent toute son existence : le travail et la famille. Travailler et aimer, on n’accomplit pas d’autres fonctions ici-bas. L’homme sort de chez lui pour lutter, et il rentre de la lutte pour aimer.

Il lutte, pour établir son moi et sa personne ; il aime, pour ouvrir son cœur à la félicité. Douleur et amour, l’homme ne connaît que deux soupirs !

De là les guerres, les maladies et l’universelle misère : tout ce qui peut multiplier l’effort. De là, la société et les affections disposées le long de la vie : tout ce qui peut assurer l’amour. Notre corps même ne laisse sur ses traces que des larmes et des sueurs.

De là, pareillement, deux joies ne sauraient être ôtées de l’âme, toujours vivante sur deux points : la joie qui s’attache à la personnalité, et la joie qui relève du cœur, l’amour-propre et l’amour.