Déjà l’on peut s’apercevoir que le travail servile n’a pas été sans profit ni sans gloire pour les innombrables légions d’âmes qu’il fut appelé à conserver et à former pendant quatre mille ans. Mais là se voient en même temps les abus d’une institution qui, dans le fond, n’est elle-même qu’un abus ; car les hommes, naturellement cupides et méchants, ont voulu l’esclavage pour les profits de l’esclavage. L’esclavage, à coup sûr, n’est pas dans notre essence. « Dieu, dit saint Augustin, n’a point établi la domination de l’homme sur l’homme, mais seulement celle de l’homme sur la brute. » Saint Thomas, ne trouvant ni dans la nature ni dans la religion la raison de l’esclavage, le déclare « une des suites malheureuses de la faute de l’homme. »