Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce paupérisme moral, tout aussi effrayant que l’autre, découle comme lui d’une pénurie de Foi. Et pendant qu’il désole toute une série d’âmes, n’en voit-on pas une autre tristement amoindrie par l’égoïsme, la froideur, la cupidité, la frivolité et le manque d’honneur ? Lorsque Dieu n’est plus là, où est l’homme ? faut-il s’étonner, dans ce cas, de voir accourir à la fois la bassesse, les crimes et les douleurs ? Et si aucune puissance ne peut séparer notre âme de Dieu, dans quelle torture inexplicable doit tomber celle-ci, quand c’est d’elle-même qu’elle s’en arrache ?

On sait toute notre tristesse et toute notre misère quand on a dit que l’homme a perdu Jésus-Christ. De même qu’on a montré à l’homme tous les remèdes quand on lui a dit qu’il ne retrouvera l’allégresse intérieure qu’en retournant à Jésus-Christ. Or, avec l’allégresse, l’homme retrouverait la grandeur : comment nier qu’en Europe la décadence des peuples date du jour où a commencé celle des âmes par l’affaiblissement de la Foi ?

Nous sommes donc plus malheureux, non pas uniquement parce que les caractères, les coutumes, les lois, les sentiments, l’état économique conspirent