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l’effort, il habitue l’homme à sortir peu à peu de lui, jusqu’à ce que l’amour opère ce mouvement complet en le portant dans autrui. L’homme en serait presque toujours incapable dans les débuts de la vie. Seulement, le travail n’a point pour l’homme ces égards qu’il trouve plus haut dans l’amour.

On sait pourquoi l’amour est plus que le travail : l’amour se donne nécessairement à un autre que soi, au lieu que le travail revient en grande partie à lui-même. Le travail fait les premiers pas de l’amour ; c’est pourquoi il avait besoin des encouragements de ce monde. Mais c’est encore par le travail que la masse du genre humain peut se sauver, et qu’à l’heure de la mort l’âme se trouve secrètement préparée à l’acte définitif de l’amour !

Chose admirable ! cette métaphysique du travail et de la douleur éclaire même l’immense problème de l’esclavage. Elle nous laisse entrevoir jusqu’où la douleur a pu sauver l’Antiquité..... Et cependant, il y a loin de la douleur à la pénitence : puisque l’une est surtout le propre de