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Néanmoins, il faut que la coupe se vide, goutte à goutte ou d’un seul trait. Mais on doit croire que la vie est donnée dans la mesure de l’épreuve et que l’épreuve est calculée sur les forces de notre liberté. Une longue vie est une longue grâce, car la vie est d’un prix dont il faut chercher la proportion dans l’Infini.

En comparant l’état de l’homme à sa naissance, avec l’état où il est parvenu lorsqu’il approche de la mort, on comprendra toute la vertu du travail sur un être libre. Que la grâce regarde ici avec envie l’œuvre de son protégé ! C’est une chose divinement remarquable que le développement de volonté, de cœur et de conscience qu’on retrouve chez l’homme dont la vie a été remplie par le travail.

Cette grâce, issue de Dieu, comment y préparer tant d’âmes qui la refusent ? C’est l’œuvre du travail, à son tour issu de l’être libre. Loin du travail et de l’activité, la grâce trouve difficilement une tige prête à grandir. Elle vient féconder le champ que laboure le travail. De plus, comme l’homme est orgueil, la grâce s’entend