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comme le corps se refuser à l’obéissance ; 5o nous voyons qu’elle peut vivre de sa propre vie intellectuelle-idéaliste, comme lui de sa vie corporelle-matérialiste, et qu’elle peut se renfermer ainsi en elle-même jusqu’à nier la réalité, elle qui n’a été faite que pour l’étudier ; 6o enfin, que si le corps, en suivant exclusivement les instincts de ses passions, produit des crimes, l’intelligence, en s’abandonnant aux instincts de sa vanité, commet des erreurs. Or, par un dernier point de conformité, l’erreur et le crime, c’est-à-dire le mal dans la pensée et le mal dans l’action s’engendrent mutuellement par une funeste fécondité. Aussi, l’homme doit-il se défier de son intelligence comme de son corps et veiller à ce que ces deux esclaves ne s’entendent pour asservir leur maître.

Ainsi, puisque la raison toute seule n’arrive pas à la science, qu’elle ne produit que le sens commun ; puisque l’intelligence toute seule, ne produit ni la science, ni le sens commun ; puisque la raison a besoin d’être servie par l’intelligence, et que l’intelligence a besoin d’obéir à la raison ; puisque le devoir de la raison est de lui fournir la lumière et que le devoir de l’intelligence est de l’accepter ; enfin, puisque la fonction de la première est de donner à celle-ci la vérité absolue, et que la fonction de la seconde est de l’approprier au temps, le tout pour que l’homme jouisse de son état normal et puisse remplir ses destinées : il en résulte qu’il faut maintenir uni ce que Dieu a uni, et subordonné ce qu’il a subordonné : l’intelligence à la raison, le corps à la volonté ; la sagesse humaine à la sagesse absolue, l’instrument à l’organe, et l’organe à l’être qui le possède.