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ORGANISATION

d’instigations perfides, elle est parvenue à renverser dans le sang les établissements espagnols de l’Amérique méridionale. Et que dire des violences qui lui ont pendant si longtemps assuré l’empire des mers ? A-t-elle jamais respecté ou même reconnu les droits des neutres ? Le droit de blocus n’est-il pas devenu, exercé par elle, la plus arrogante des tyrannies ? Et n’a-t-elle pas fait du droit de visite le plus odieux de tous les brigandages ? Et tout cela, pourquoi ? Pour avoir, nous le répétons, des matières premières à manufacturer et des consommateurs à servir.

Cette pensée a été si bien la pensée dominante de l’Angleterre depuis deux siècles, qu’on l’a vue sans cesse décourager dans ses colonies la culture des objets de subsistance, tels que le riz, le sucre, le café, tandis qu’elle donnait une impulsion fébrile à celle du coton et de la soie. Mais quoi ! Pendant qu’elle frappait de droits exorbitants et, si l’on peut ainsi parler, homicides, l’importation des subsistances, elle ouvrait presque librement ses ports à toutes les matières premières ; anomalie monstrueuse qui a fait dire à M. Rubichon : « De toutes les nations du monde, la nation anglaise est celle qui a le plus travaillé et le plus jeûné. »

Là devait conduire, en effet, cette économie politique sans entrailles dont Ricardo a si complaisamment posé les prémisses, et dont Malthus