l’orgie, et il arrive chaque jour aux habitués de mêler le sang de leurs querelles au vin bleu où leur abrutissement se ravive et s’épuise. Aussi est-ce de là que sortent quelquefois ceux qui, au travers de la société qu’ils remplissent d’horreur et d’épouvante, font route vers le bagne ou vers l’échafaud.
Et, ce qu’il y a d’affreux à dire, c’est que beaucoup de malfaiteurs occupent à Paris une sorte de position officielle. La police les connait, elle a leur nom et leur adresse, elle tient registre de leur corruption ; elle les suit pas à pas, pour parvenir à les prendre en flagrant délit. Eux, de leur côté, ils marchent la tête haute, tant qu’il n’y a pas preuve juridique de leurs excès, et ils se tiennent audacieusement à l’affût de l’occasion. De sorte que la répression et le mal constituent, au sein de notre société, deux puissances ennemies qui se fortifient à loisir, s’observent continuellement et avec scandale, se mesurent des yeux, luttent de ruse, et nous condamnent à assister sans fin ni trêve aux péripéties de leur combat éternel.
C’est peu. Longtemps le crime ne se rapporta qu’à des inspirations brutales, solitaires, personnelles : aujourd’hui, les meurtriers et les voleurs s’enrégimentent ; ils obéissent à des règles disciplinaires ; ils se sont donné un code, une morale ; ils agissent par bandes, et en vertu de com-