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DU TRAVAIL.

les précipite dans l’abîme ! Votre talent vous a trahi, monsieur, ne vous en défendez pas. Votre éloquence même condamne vos conclusions, et je ne veux d’autre preuve contre vous que la magnificence de votre langage. Non, il n’est pas possible qu’un poète ait été tout-à-fait sincère avec lui-même, lorsqu’il a invoqué tant de gloire et de grandeur à l’appui d’aussi misérables intérêts ! Non ! Cela n’est pas possible. Je crois vous deviner, monsieur : riche et sans enfants, vous avez été séduit par cette idée qu’en réclamant le droit de battre monnaie pour les gens de lettres et leurs héritiers, vous plaidiez une cause qui n’était point la vôtre. Pauvre, vous n’auriez jamais demandé que la rémunération des gens de lettres se soldât en écus. Père de famille, vous auriez cru suffisant pour vos successeurs l’héritage de votre nom. Vous vous êtes trompé vous-même ; vous avez été généreusement dupe du rôle désintéressé que dans cette cause vous avait ménagé le destin.

Ce n’est pas un des moins tristes symptômes du mal qui ronge aujourd’hui la société que cette religion de l’industrialisme hautement professée par un aussi grand poète que M. de Lamartine, par un homme d’une intelligence aussi élevée. Ainsi, l’industrialisme va rapetissant les situations et les cœurs ; il envahit les choses ; il s’asservit les hommes ; il ose dire au poète lui-même,