On aurait à se prononcer sur le plus élevé de tous les théâtres, devant son pays, devant le monde entier. Le juge aurait eu toute une année pour former son jugement. Quand il l’exprimerait, la critique aurait déjà parlé ; l’opinion de tous les hommes intelligents serait connue : que de garanties, sans parler de celle qui résulterait du choix fait par l’assemblée ! Car quelque défiance qu’on ait des assemblées délibérantes, on nous accordera du moins qu’il est des questions devant lesquelles l’esprit de parti est frappé d’impuissance.
Au reste, que des erreurs fussent possibles, une pareille objection est absolument sans valeur. À quelle institution ne s’adresse-t-elle pas ? Une société se passera-t-elle de lois parce que le législateur n’est pas infaillible ? Renverserez-vous vos tribunaux parce qu’une erreur de jugement peut y décider de la fortune d’un citoyen, de sa liberté, de sa vie ? Aussi longtemps qu’il y aura des hommes soumis aux écarts de l’intelligence, et dupes des passions du cœur, tous les systèmes seront imparfaits. Ceux qui donnent la réalisation de leurs idées comme une panacée universelle, d’un effet immédiat, sont des charlatans dont il faut se défier ou des illuminés qu’il faut plaindre. Quand un système est produit avec bonne foi, il convient donc de l’examiner avec bonne foi, c’est-à-dire de chercher, non pas s’il est tout-à-fait