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INTRODUCTION.

nouées par le bourreau ; de là ces luttes sans exemple qui firent successivement tomber dans un même panier fatal la tête de Danton sur celle de Vergniaud, et la tête de Robespierre sur celle de Danton.

Souvenons-nous de cette époque, si pleine d’enseignements. Ne perdons jamais de vue ni le moyen ni le but ; et loin d’éviter la discussion des théories sociales, provoquons-la autant qu’il sera en nous, afin de n’être pas pris au dépourvu et de savoir diriger la force quand elle nous sera donnée.

Mais on émettra beaucoup d’idées fausses, on prêchera bien des rêveries ! Qu’est-ce à dire ? Fut-il jamais donné aux hommes d’arriver du premier coup à la vérité ? Et lorsqu’ils sont plongés dans la nuit, faut-il leur interdire de chercher la lumière, parce que, pour y arriver, ils sont forcés de marcher dans l’ombre ? Savez-vous si l’humanité n’a aucun parti à tirer de ce que vous appelez des rêveries ? Savez-vous si la rêverie aujourd’hui ne sera pas la vérité dans dix ans, et si, pour que la vérité soit réalisée dans dix ans, il n’est pas nécessaire que la rêverie soit hasardée aujourd’hui ? Une doctrine, quelle qu’elle soit, politique, religieuse ou sociale, ne se produit jamais sans trouver plus de contradicteurs que d’adeptes, et ne recrute quelques soldats qu’après avoir fait beaucoup de martyrs. Toutes les idées qui ont puissamment gouverné les hommes n’ont-elles pas été réputées folles, avant d’être réputées sages ?

 
Qui découvrit un nouveau monde ?
Un fou qu’on raillait en tout lieu.
Sur la croix que son sang inonde,
Un fou qui meurt nous lègue un dieu.