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ORGANISATION

vertis. C’est au maître à subir les conditions : l’ouvrier les dicte, et l’opprimé de la veille peut devenir l’oppresseur du lendemain.

Ici nous aurions à dire que de semblables circonstances ne se produisent que par exceptions ; que les riches ont, pour échapper au despotisme du moment, des ressources qui manquent aux pauvres ; que la loi elle-même punit les coalitions de maîtres beaucoup moins sévèrement que les coalitions d’ouvriers. Mais non ; laisser l’objection subsister dans toute sa force nous plaît davantage, et nous avons hâte de nous en emparer. Que la tyrannie vienne d’en haut ou d’en bas, il nous importe peu : dans l’un et l’autre cas elle nous est odieuse. Défenseurs et non point courtisans du peuple, nous ne voulons pas plus des désordres dont il serait exceptionnellement en état de profiter, que de ceux dont il a coutume de souffrir ; et nous déclarerions doublement funeste tout système qui ne permettrait aux prolétaires, foulés aux pieds, d’autre réparation que la vengeance, et d’autres fêtes que les saturnales de l’industrie.

Quant à la crainte de voir tout le monde mourir de faim, pour peu qu’on touche aux bases du régime actuel, est-ce bien sérieusement que. M. Michel Chevalier exprime cette crainte ? Comment ! tout le monde mourrait de faim lorsque l’ouvrier, travaillant pour lui-même, ferait avec zèle, application et rapidité, ce qu’il ne fait aujourd’hui qu’avec lenteur, avec répugnance, la malédiction sur les lèvres, et souvent, hélas ! la révolte dans l’âme ! Tout le monde mourrait de faim, lorsqu’il