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qui vous aideront à donner la main à la Normandie. Ayez surtout les yeux sur le Morbihan. Il peut se faire qu’il devienne le point le plus important... Qu’on s’assure de toute cette côte, et qu’on m’envoie un détail du pays, en embouchant la Viilaine et la Loire. Qu’on y répande les assignats, et que l’intérieur de toute cette baie soit travaillé avec le plus grand soin[1]. »

« — Vous recevrez par cet envoi à peu près dix millions, des vestes, des habits, pantalons, échappes blanches, culottes de peau, ceintures de cuir, deux lettres imprimées de monseigneur le comte d’Artois, dont une vous est adressée et dont je vous porterai l’original (les redingotes ne sont pas encore faites) ; l’habit rouge, boutonné sur la poitrine, avec l’écharpe blanche en bandoulière ; la veste vert-pâle ; la culotte de peau ; le pantalon vert, garni de basane ; la redingote verte ; le chapeau rond, surmonté d’une queue de renard blanc, avec un panache blanc. Je joins à cela soixante paires de bottes, et, successivement, vous aurez tout ce qu’il vous faudra[2]. »

Dans une autre lettre, il annonçait l’envoi de trente mille paires de souliers, de deux cents espingoles, de deux mille havre-sacs, et mandait à ses complices, sur un ton triomphal, qu’il venait de conclure un marché pour cinquante mille fusils[3].

Les agents de Puisaye et du gouvernement anglais, dans ce commerce de trahisons, étaient Houard, Bertin, Tarillon, Maincent, Gouin, Macé, Dufour[4], et surtout Prigent, officier distingué, que Pitt estimait fort et par qui Puisaye lui avait été présenté 5 . Leur chef direct était, comme nous l’avons dit, Philippe d’Auvergne, prince de Bouillon.

Ces intrigues étaient puissamment secondées par

  1. Correspondance secrète de Charette, Stofflet, Puisaye et autres, t. I, p. 115
  2. Ibid. p. 118
  3. Ibid., p. 111, 112
  4. Leur correspondance forme le XIXe volument des Papiers de Puisaye. Manuscrit du British Museum.