tout ce que le conseil militaire et vous aurez jugé utile au bien du service du roi[1]. »
Dans une seconde lettre du 6 novembre, datée du château de Zipendal, près Arnheim, il lui écrivait, en termes plus explicites encore :
« Je vous autorise à vous considérer comme lieutenant général au service du roi de France, et à vous faire obéir en cette qualité par l’armée de Sa Majesté très-chrétienne[2]. »
Puisaye se mit à l’œuvre sans autres pouvoirs que ceux qu’il tenait du comte d’Artois. Or il semble qu’ils auraient dû plutôt lui venir de Louis-Stanislas-Xavier, ce dernier étant, aux yeux des royalistes, régent de France. D’où vient qu’il n’en fut pas ainsi ? La raison en est dans les jalousies et les dissensions qui rongeaient le parti des émigrés. Puisaye dit dans ses Mémoires : « Je ne sais par quelle fatalité le régent n’avait pas encore reçu, au commencement de 1797, une seule des lettres que j’ai eu l’honneur de lui adresser dans toutes les occasions qui se sont offertes à moi depuis le mois d’octobre 1794[3]. » Cette fatalité, c’était, on le verra plus loin, la haine profonde que nourrissaient contre Puisaye les correspondants du soi-disant régent et les hommes de son entourage.
Quoi qu’il en soit, il se crut ou affecta de se croire suffisamment autorisé, et fut obéi. Les missives qu’on va lire donneront une idée de la nature de ses communications avec le « Comité central, catholique-royal, » établi en Bretagne, et des intrigues qui animèrent dans ce pays la guerre civile.
« Ne discontinuez pas d’agir. Etendez-vous le plus que vous pourrez. Multipliez les cantons où vous envoyez des jeunes gens, dont vous ferez des chefs. Je vais faire partir trois prêtres du diocèse d’Avranches
- ↑ Correspondance secrète de Charette, Stofflet, Puisaye et autres, t. I, p. 100 et 101. Nous avons déjà eu l'occasion d'établir l'authenticité parfaire de cette correspondance.
- ↑ Correspondance secrète de Charette, Stofflet, Puisaye et autres, t. I, p. 101.
- ↑ Mémoires de Puisaye, t. III, p. 215, 218