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épouvantent, n’est plus qu’une grande ligue formée contre eux et qui va les envelopper de son mouvement. Mais, loin de redouter les tempêtes, ils les provoquent ; ils les veulent mortelles. Maîtres de la vie d’un roi qu’ils peuvent dégrader en lui faisant grâce, ils l’aimeraient mieux avili que mort ; mais, pour que reculer leur devienne impossible, il leur faut des périls prodigieux, des ennemis rendus implacables, et la certitude d’être exterminés s’ils n’exterminent. C’est pour cela qu’ils frappent le roi captif, et ils le frappent en le dédaignant. Alors éclate leur puissant délire. À la lueur des châteaux incendiés, au bruit du tocsin des hôtels de ville et du tambour qui bat la révolte, au bruit du canon ennemi qui a passé la frontière et qui approche, pendant qu’une multitude furieuse entoure l’Assemblée, agitant des piques et hurlant aux portes, eux, calmes et violents, ils se préparent à écraser tout ; et les voilà qui délibèrent dans le mugissement du peuple. Leur secret pour sauver la France est de la croire sublime et de le lui dire. Les vieillards iront sur les places publiques encourager les combattants ; les enfants et les femmes assisteront les blessés ; le travail de la nation sera de forger des épées, de fondre des canons, d’aiguiser le fer des lances. Le territoire est un camp, la patrie un soldat ; et contre les ennemis du dedans, on a des juges au cœur d’airain, et le couteau, sans cesse levé, de l’exécuteur.

Ainsi parlent ces hommes terribles ; et, ordonnant la victoire par un décret, ils poussent un million de républicains à la frontière. Aussitôt, l’ennemi rejeté par