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giés, demande sanctionnée par cette menace : « Le Directoire comprendra sans doute que, si les gages que l’Europe attend de lui devaient se borner à des déclarations, sans qu’aucun moyen de coercition vînt les appuyer au besoin, les Puissances intéressées à ce qu’il n’en soit pas ainsi, seraient pleinement en droit de ne plus compter que sur elles-mêmes pour faire justice des réfugiés qui conspirent en Suisse contre leur tranquillité, et pour mettre un terme à la tolérance dont ces incorrigibles ennemis du repos des gouvernements continueraient à être l’objet. »

Jamais l’indépendance d’un État n’avait été plus ouvertement méconnue, foulée aux pieds. En Europe, la note fit scandale. Interpellé, dans le parlement, par MM. Bowring et Hume, lord Palmerston déclara que le gouvernement anglais n’avait pris aucune part efficace à cette affaire. (No efficacious steps upon the subject.) En France, toutes les âmes nobles s’émurent et s’Indignèrent. « La Diète a écrivit le Bon Sens, feuille démocratique, la Diète aurait pu rappeler à l’ambassadeur de Louis-Philippe, que son maître, frappé par les tempêtes révolutionnaires, avait été heureux, autrefois, de trouver un réfuge et du pain dans ces tranquilles vallées, que les partis vaincus ou triomphants devraient respecter comme un sanctuaire protégé par la conscience du genre humain. »

Mais comment donner une idée du frémissement de la Suisse ? À Reiden, dix mille confédérés des cantons de Berne, Lucerne, Schwitz, Soleure, Bâle-Campagne et Argovie, se réunirent pour protester.