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pour succomber. Le 18 brumaire est une date, il est une menace peut-être mais, si on le recommençait, on ne réussirait pas.

Ce qu’il importe donc d’étudier dans l’histoire contemporaine, et en France, ce n’est pas la vie de la royauté, c’est le gouvernement de la bourgeoisie.

Il s’ouvre en 1830, et nous n’avons pas écrit une autre histoire que la sienne.

Comme classe militante, la bourgeoisie a bien mérité de la civilisation. Elle possède d’ailleurs des qualités : l’amour du travail, le respect de la loi, la haine du fanatisme et de ses emportements, des mœurs douces, l’économie, ce qui compose le fond des vertus domestiques. Mais elle manque en général de profondeur dans les idées, d’élévation dans les sentiments, et elle n’a aucune vaste croyance. D’où son inaptitude aux affaires publiques. Le cens électoral a trouvé des défenseurs : il n’est pas de pire système ! Ne demander qu’à la propriété les guides du peuple, des législateurs, c’est transporter à la conduite des États la politique du ménage ; c’est mettre la fortune des empires à la merci d’une sagesse qui a l’étendue d’un champ pour mesure. On le nierait en vain : l’inconvénient du régime électif se déployant sur une petite échelle est de faire tomber le gouvernail aux mains d’hommes insuffisants qui ne peuvent que perdre l’État, si quelque noble passion ne compense pas chez eux l’ignorance des traditions et le manque d’études. Le sentiment de la conservation sera-t-il cette passion noble ? Au moins faudrait-il qu’un contrepoids lui