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bien-être, la bourgeoisie ne voyait que des pertes d’argent dans les agitations possibles de l’Europe : de là le système de la paix implorée.

Or, l’ordre ancien, une paix sans nerf, convenaient aussi à la royauté, qui avait besoin, pour s’asseoir, de l’excès du calme au dedans et au dehors.

Cette concordance explique les succès du règne. Elle tint lieu à Louis-Philippe d’habileté. Prince à qui l’on avait mis une couronne bourgeoise sur la tête, la prépondérance de sa classe adoptive le dispensa de créer un système. Son goût pour le médiocre plut à la classe dominante, et la force le prit à sa suite.

Il est à remarquer, toutefois, que, parallèlement à raccord que nous constatons ici, l’histoire des dix dernières années nous offre le spectacle d’une lutte obstinée eptre le gouvernement de la bourgeoisie par la Chambre élective, et le gouvernement personnel du roi.

Il semble qu’il y ait là quelque chose de contradictoire, mais la contradiction n’est qu’apparente.

Entre la bourgeoisie et la royauté, l’accord, en France, a porté sur le système à suivre, sur les intérêts à faire prévaloir ; la lutte a porté sur des questions de prééminence et de prérogative.

Ainsi, le principe monarchique et le principe parlementaire se sent livré des combats ardents ; bien que sur le drapeau de la royauté et sur celui de la bourgeoisie eussent été inscrites des devises identiques. Résultat significatif et qui vaut la peine qu’on l’analyse !