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une majorité de 26 voix qui rejetait la loi de famille. Les ministres du 12 mai se confessèrent vaincus et se retirèrent.

Dans leur passage aux affaires, ils avaient eu des inspirations louables. Et, par exemple, ils avaient déclaré, au début, qu’il serait coupé court désormais au scandale d’une presse subventionnée. Il est juste aussi de rappeler que ce fut M. Teste qui le premier fit sérieusement effort contre le criant abus de la vénalité des offices. C’était toucher à un des priviléges d’argent sur lesquels repose le règne de la bourgeoisie. Elle poussa un cri furieux. Et les intérêts qu’on venait d’alarmer étaient si forts, que, sauf trois ou quatre feuilles qui jouèrent noblement leur existence par respect pour la vérité, la presse de l’Opposition garda un silence coupable. L’entreprise échoua donc ; mais elle n’en mérite pas moins une mention dans l’histoire ; car elle fut honnête et courageuse. Pour ce qui est du dehors, rien de plus déplorable que la politique des ministres du 12 mai. La fortune leur avait donné à gouverner une telle affaire, qu’ils y pouvaient gagner une gloire immortelle. Notre influence en Égypte une fois consolidée, la Méditerranée était à nous et nous frappions aux portes de l’Asie. Malheureusement, loin d’élever les ministres du 12 mai, la grandeur de la tâche les accabla. En Europe ils auraient dû, par une alliance étroite et comminatoire avec l’Angleterre, couvrir Constantinople du côté des Russes ; et, en Orient, laisser passer le génie de Méhémet et la victoire. Ils firent le contraire. Liant deux questions qu’il était de notre intérêt de séparer, ils