nation maritime. Douée d’un génie cosmopolite, la France a été appelée par Dieu même à l’empire des mers. Il y va de l’accomplissement de son rôle historique ; il y va peut-être de son existence comme Puissance du premier ordre, car, selon l’expression d’un grand homme d’État, les meilleures forteresses sont les vaisseaux. Et puis, comment M. Thiers ne comprenait-il pas, lui qui voulait le maintien de la concurrence dan notre pays qu’à cette bourgeoisie produisant outre-mesure il fallait des débouchés, des comptoirs, des consommateurs au visage inconnu, un marché mouvant ; et qu’à moins d’une révolution sociale, profonde, incommensurable, il ne nous resterait bientôt plus qu’à posséder l’Océan ou à périr ?
Mais la classe moyenne était en général trop peu éclairée pour sentir jusqu’à quel point le système qu’on exposait devant elle manquait de portée et de profondeur. Elle se répandit en applaudissements. Le Constitutionnel appela le discours de M. Thiers un discours-ministre. Et, en réalité, M. Thiers venait de poser sa candidature du haut de la tribune.
Telle était la situation, lorsqu’en France un vote de la Chambre, témérairement provoqué, renversa les ministres.
Jamais certainement roi de France n’avait été appelé par la fortune sur une scène aussi imposante et au milieu d’aussi vastes événements. Un grand peuple à maintenir au-dessus des orages, d’ardentes haines à déjouer ou à éteindre, l’Occident à couvrir, l’Orient à calmer, voilà ce qui s’offrait. Et