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pu si Fox eût été aux affaires. » Eh bien, que signifiait cela, sinon que c’était l’aristocratie anglaise qui avait soutenu la lutte contre Napoléon ? Il y avait aussi derrière cette question de principe un immense intérêt. La France alors n’avait pas renoncé à être une Puissance maritime et coloniale du premier ordre ; elle n’avait pas renoncé au rêve brillant des possessions lointaines ; elle avait voulu prendre la Louisiane, Saint-Domingue, et même essayer sur l’Égypte une tentative merveilleuse, moins solide qu’éclatante, mais dont le but avoué était de menacer les Anglais dans l’Inde. Notre puissance alors, à quoi la faisions-nous servir ? À coaliser toutes les marines de l’Europe sous notre drapeau. Eh bien, il y avait là des raisons d’une lutte acharnée. Mais, heureusement, plus rien de cela n’existe. C’est la révolution modérée qui gouverne la France ; c’est la révolution modérée qui gouverne l’Angleterre. Et la lutte d’intérêt est aussi impossible que celle de principe. La France s’est éclairée sur la véritable voie de sa grandeur. Qui songe aujourd’hui, parmi nous, à des possessions lointaines ?… C’est que l’esprit de la France a changé, c’est que tout le monde sent que notre grandeur véritable est sur le continent. »

M. Thiers ne se trompait pas lorsqu’il disait que la France ne pouvait conserver l’alliance anglaise qu’en restant couchée sur ses rivages. Mais de quel droit M. Thiers condamnait-il son pays à cette humble et honteuse attitude ? Appuyée sur l’Océan, appuyée sur la Méditerranée, la France est une