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flatté de l’hommage qu’on rendait à son importance d’obscure origine en faisant de lui l’introducteur de la maison d’Orléans dans la famille des vieux souverains ?

Prenant donc résolument son parti, il se ménage un entretien avec MM. de Werther et d’Appony, ambassadeurs de Prusse et d’Autriche, leur parle d’un voyage en Allemagne projeté par le duc d’Orléans, les prie d’obtenir l’agrément de leurs Cours respectives et leur recommande le secret.

Un ambassadeur est toujours intéressé à ce que des rapports de bienveillance et d’intimité se nouent entre la Puissance qu’il représente et celle auprès de laquelle il est accrédité MM. de Werther et d’Appony accueillent avec empressement la communication de M. Thiers. On met sur-le-champ des courriers à leur disposition, et l’on ne tarde pas à recevoir une réponse favorable. Qu’on juge de la surprise, du dépit de l’ambassadeur de Russie, dupe d’un secret trop bien gardé. Mais M. Thiers connaissait particulièrement le comte de Pahlen : il s’était chargé de l’adoucir et n’y eut pas de peine. Tout avait donc réussi parfaitement. Le duc d’Orléans était transporté de joie ; le duc de Nemours, son frère, fut désigné pour l’accompagner ; et, quant au roi, rompant avec ses habitudes d’économie parce qu’il s’agissait ici d’un intérêt dynastique, il mit à la disposition de ses enfants autant d’or qu’il leur en fallait pour briller à la manière des princes.

En même temps, M. Thiers écrivait à M. de Saint-Aulaire une lettre qui avait l’importance d’une dé-