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était cher à son maître, son maître comptait sur lui ; et lui-même il se croyait volontiers destiné à mettre un terme aux prospérités d’Ibrahim. Toutefois, son étoile avait pâli dès le commencement des opérations récentes et le village de Mézar occupé, la marche de flanc des Egyptiens permise et impunie, rendaient son habileté suspecte.

Quant à Ibrahim, il était rayonnant : il se souvenait de Koniah. Il s’appuyait, d’ailleurs, sur un homme renommé pour la promptitude et la justesse de son coup-d’œil militaire autant que pour son courage. De simple officier français devenu successivement l’instructeur des armées du vice-roi, son plus ferme soutien, l’ami de son fils, Sève jouissait dans sa seconde patrie, sous le nom et avec le titre de Soliman-Pacha, d’un ascendant que ne démentait pas son mérite. « Messieurs, avait-il dit aux officiers égyptiens, la veille de la bataille, après leur avoir distribué ses ordres : à demain, sous la tente de Hafiz. »

À huit heures du matin, le combat s’engagea par le canon. La manœuvre d’Ibrahim portait ses fruits. L’armée turque avait le dos tourné aux retranchements qui auraient dû la protéger, et elle se présentait découverte. Du reste même ardeur de part et d’autre, mais non même habileté, les coups des Turcs s’égarant pour la plupart dans le vide, tandis que l’artillerie égyptienne, bien dirigée, trouait de toutes, parts l’armée ottomane et y portait un affreux désordre. Durant une heure et demie, le canon gronda ; puis, par une de leurs extrémités, les deux armées se joignirent et se heurtèrent. Suivi