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fut-il très-étonné en recevant du maréchal Soult l’assurance du contraire. Toutefois, se réunissant à ses collègues, il reprit avec eux le chemin du palais. Seulement, à la montée de l’escalier, il dit, en hochant la tête, ces paroles dont, plus tard, on devait s’armer contre lui : « Nous montons cet escalier ministres je crains bien que nous ne le descendions pas ministres. » Pourtant, la table était dressée ; les ordonnances étaient prêtes : tout paraissait conclu. Mais M. Thiers s’était promis d’obtenir du roi des explications précises ; car une acceptation vague du programme convenu ne suffisait point à ses défiances. Il commença donc par s’étendre avec détail sur ce qu’il convenait de tenter en faveur des Espagnols de Christine. Il demanda si on était disposé à leur accorder un secours naval ; à leur envoyer des armes ; à permettre, le cas échéant, le débarquement de nos marins ; à arrêter les secours en munitions portés à don Carlos par les vaisseaux russes ou hollandais. C’était demander, au &nd, que la France interprétât le droit des neutres à la manière des Anglais. M. Passy en fit l’observation avec une vivacité dont M. Thiers fut plus irrité encore que surpris. Mais, encouragé par l’attention visiblement bienveillante que le roi lui prêtait, M. Passy développa son opinion en homme compétent et convaincu. Bientôt il eut pour lui tous ses collègues, à l’exception de M. Thiers, dont les yeux brillaient de colère. Quant au roi, il avait montré, dès l’abord, une condescendance parfaite, et la division qui éclatait à sa vue le dispensait du soin d’appeler à l’aide de ses