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Les débats durèrent plusieurs jours. Et quel emportement dans l’attaque, que d’opiniâtreté dans la défense ! Tantôt, c’était M. Guizot qui, prenant article par article le projet d’adresse, s’attachait à prouver contre M. Liadières, que la rédaction n’en était ni inconstitutionnelle, ni révolutionnaire, ni factieuse ; tantôt, c’était M. Thiers qui enlaçait les ministres dans les innombrables liens de sa subtile éloquence. M. Mauguin traita la question belge avec une remarquable supériorité de vues. Au sujet de l’évacuation d’Ancône, la dépêche du 14 mars fut victorieusement opposée au président du Conseil, qui ne se justifia que par la lecture imprévue de certaines pièces diplomatiques dont il exagérait habilemènt la valeur et dont il refusait communication à ses adversaires.

La lutte touchait à sa fin. Le projet d’adresse se trouvait modifié dans le sens du ministère par quelques amendements ; mais ils avaient été contestés avec tant de puissance et si péniblement obtenus, que la chute du Cabinet n’était plus un doute pour personne. Restait, cependant, une dernière épreuve le paragraphe dirigé contre les empiétements de la Couronne n’était pas encore voté. Les membres qui composaient la majorité de la commission tinrent conseil, et M. Thiers proposa l’atténuation du paragraphe. Il insistait sur les susceptibilités monarchiques de la Chambre, sur la nécessité d’y avoir égard, sur le danger de compromettre par trop de hardiesse le succès devenu certain. Et tous d’applaudir, deux hommes exceptés : M. Duvergier de Hauranne et M. Guizot. M. Guizot, surtout,