Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

na. Parmi les membres de la commission nommée pour la rédaction du projet d’adresse, trois seulement, MM. Debelleyme, de la Pinsonnière et de Jussieu, tenaient pour le ministère ; les autres appartenaient tous à la coalition : c’étaient MM. Thiers, Guizot, Duvergier de Hauranne, Étienne, Mathieu de la Redorte, Passy.

Pour mieux assurer leur triomphe, les six élus de la coalition convinrent de décider entre eux dans un conciliabule particulier, toutes les questions qui devaient être traitées dans le projet d’adresse, sauf à les soumettre ensuite, pour la forme, aux trois membres composant la minorité. C’est ce qui fut fait. M. Duvergier de Hauranne, on peut le dire, tenait la plume ; M. Thiers et M. Guizot dictaient.

Or, depuis l’adresse des 221, jamais rédaction parlementaire n’avait été aussi agressive que celle dont les deux principaux ministres du 11 octobre fournirent alors la pensée et les termes. On y exprimait l’espoir que, sous un gouvernement jaloux de la dignité nationale, la France conserverait son rang dans l’estime du monde ; on y regrettait que l’évacuation d’Ancône se fût effectuée sans les garanties qu’aurait dû stipuler une politique sage et prévoyante ; on y rappelait avec amertume les malheurs passés de la Pologne et les malheurs présents de l’Espagne ; le dissentiment survenu entre la France et la Suisse y était sévèrement apprécié, et la conversion des rentes mise au nombre des mesures commandées par l’opinion ; enfin il y était dit : « Une administration ferme, habile, s’ap-