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à la mauvaise foi, on avait eu soin d’ajouter, dans l’article 9, qu’aucune force militaire ne pourrait être introduite dans la ville, sous quelque prétexte que ce fût. À la vérité, le même article portait que Cracovie ne donnerait asile et protection, ni à des transfuges ou déserteurs, ni à des gens poursuivis par la loi, appartenant aux trois Puissances. Et c’était sur cette clause qu’on osait s’appuyer pour occuper militairement une ville indépendante ! Comme si des réfugiés pouvaient être confondus avec des malfaiteurs ; comme si la défense faite aux habitants de Cracovie de recevoir parmi eux des transfuges impliquait le droit d’envahir leur territoire, alors qu’un pareil envahissement se trouvait interdit par les traités en termes absolus comme si, enfin, il était loisible aux gouvernements russe, autrichien et prussien, d’étendre à des Italiens, par exemple, ou à des Français, leur droit de souveraineté et leurs mesures de contrainte !

Mais quand la force compte sur l’impunité de ses violences, que valent, pour l’arrêter, le texte des conventions et les lois de la justice ? Plus le fait était monstrueux, hardi, mieux il servait le but des royautés du continent, qui était d’humilier la France et l’Angleterre, pour relever en Europe l’ascendant du vieux principe monarchique.

Aussi l’affaire fut-elle conduite avec une hauteur, une brusquerie un dédain des usages diplomatiques, un mépris de la faiblesse, dont l’histoire fournit peu d’exemples. Les Autrichiens avaient été suivis par les Russes : les Russes le furent par les Prussiens. Aussitôt, la milice de Cracovie est dissoute ;