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plus d’émeutes ; l’assassinat était descendu à Fieschi la presse respirait à peine sous les lois de septembre ; la France était calme jusqu’à l’abattement. Et qu’en résultait-il ? Que les Cabinets de Saint-Pétersbourg, de Vienne et de Berlin redoublaient, à l’égard de la Cour des Tuileries, de morgue, d’exigences et de bravades. De sorte que, placé entre la France révolutionnaire et l’Europe monarchique, le gouvernement de juillet n’avait pu affaiblir la première sans subir de plus en plus le despotisme insolent de la seconde et ses rancunes immortelles. Abordons ce triste épisode de notre histoire.

Dans l’adresse votée par la Chambre des députés au commencement de l’année 1836, dont nous allons tracer le tableau, les sympathies de la France pour la Pologne avaient été formulées d’une manière touchante quoique timide. Adoptant un amendement de M. de Mornay, la Chambre avait dit, à propos de nos relations extérieures « Cette heureuse harmonie nous donne l’espoir que, d’accord avec la Grande-Bretagne et les Puissances dont les intérêts sont liés aux nôtres, vous pourrez, Sire, rétablir l’équilibre européen, si nécessaire au maintien de la paix, et que le premier gage en sera la conservation de l’antique nationalité polonaise, consacrée par les traités. »

Ces paroles exprimaient, avec une réserve convenable, les vœux et les sentiments du peuple français. Elles ne faisaient, d’ailleurs, que répondre à un discours adressé par l’empereur Nicolas à la municipalité de Varsovie, discours plein de hauteur, plein d’emportement, et qui trahissait une pensée hostile