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Le gouvernement n’avait pas prévu l’excès des résistances qu’il allait soulever. Tant de violence l’effraya. C’était, d’ailleurs, du camp de ceux qui l’appuyaient que venait la clameur. Il commença donc à se repentir d’avoir voulu le bien, et ne chercha plus qu’un prétexte pour se faire absoudre.

Alors commença un spectacle aussi admirable que singulier. Le parti démocratique, si souvent calomnié, si souvent traité de Ihctieux par ses ennemis, s’empara de cette cause de l’État que l’État lui-même se montrait prêt à abandonner, et par lui furent émises, en matière de travaux publics, les seules doctrines propres à fonder en France l’ordre et l’autorité.

Le parti démocratique, représenté alors à Paris par le National, le Bon Sens, le Journal du Peuple, envisageait les voies de communication sous trois aspects différents[1].

Il prouvait d’abord qu’au point de vue moral, rien n’était plus déplorable que l’enfantement des compagnies. Il montrait, se pressant autour de leur berceau, les spéculateurs, foule avide, effrénée, habile à battre monnaie avec des noms et des mensonges, et qui n’apportait au public, selon l’expression de M. Jules Séguin, qu’une grande caisse vide,

  1. Les considérations morales, économiques et politiques qu’on va lire, M. Louis Blanc, en 1838, les développa lors de la discussion, dans une série d’articles qui furent, en 1839, rassemblés dans la Revue du Progrès, et dont M. Louis Blanc n’a fait que resserrer ici dans un résumé rapide les principaux aperçus.

    La question fut envisagée aussi au point de vue de l’État par beaucoup de journalistes de province, et entre autres par M. Rittiez, qui la traita dans le Censeur de Lyon avec beaucoup de chaleur et de talent.