Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/324

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne pas voir que le système des conversions au-dessous du pair avait un corollaire inévitable dans la

    Les grains ici, ce sont tes capitaux. Ce qu’on demande aux contribuables pour l’amortissement, mieux vaudrait cent fois le leur demander pour échapper à l’emprunt et s’affranchir de l’intervention ruineuse des banquiers.

    Et alors même qu’il n’y aurait plus d’emprunts à faire, plus de primes à distribuer aux banquiers, plus de conditions usuraires à subir alors même que les recettes de l’État présenteraient un notable excédant sur les dépenses, le jeu de l’amortissement serait funeste. Car, t’excédant des recettes sur tes dépenses peut-il jamais être pour un pouvoir intelligent et ami du bien public un sujet d’embarras ? N’y a-t-il pas des travaux importants à entreprendre, des routes à percer, des canaux à améliorer, des ateliers à ouvrir ? Et n’y eût-il rien de tout cela à faire, t’excédant des recettes sur les dépenses ne serait-il pas employé d’une manière beaucoup plus féconde, appliqué à la diminution de l’impôt, que consacré à cette de la dette publique ? Consacrer cet excédant à l’extinction de la dette, c’est enlever au contribuable un capital qui, bien manié, lui aurait rapporté, selon toute apparence, un revenu supérieur à celui qu’exige l’acquittement du tribut annuel levé sur la production par les rentiers. Les millions donnés pour le rachat des rentes, qui tes paie ? N’est-ce pas le laboureur sur ses semences, le manufacturier sur ses matières premières, l’artisan sur ses outils, l’ouvrier sur son salaire, et celui qui consomme, et celui qui produit ? L’amortissement n’a donc pas seulement pour effet de régulariser les gaspillages de l’emprunt, il absorbe des ressources qu’on ne se procure qu’en attaquant la production avec toute l’aveugle brutalité qui caractérise l’impôt. Résultat deux fois funeste !

    Mais l’amortissement contribue au moins à la baisse de l’intérêt, puisqu’il élève le cours des rentes ? Entendons-nous : l’élévation du cours des rentes, telle qu’elle est produite par tes rachats de l’amortissement, est un résultat factice ; il en est un autre plus réel auquel l’amortissement fait obstacle.

    Quand la richesse publique s’accroit, les capitaux se multiplient, et le travail se tes procure à des conditions plus avantageuses. Que l’intérêt de l’argent baisse d’une manière normale, toutes les transactions sont facilitées ; une énergie nouvelle est imprimée à toutes les industries ; née des accroissements de la richesse publique, la baisse de l’intérêt en élargit encore tes sources elle est tout à la fois effet et cause.

    Or, cette baisse de l’intérêt, qu’engendrent l’activité du travail et une bonne direction donnée à l’industrie, l’amortissement la ralentit, loin de la provoquer. En quoi consiste, en effet, son action ? À déplacer laborieusement des capitaux utilement employés.

    Ce qu’il donne au rentier, il a bien fallu qu’il le prit au contribuable. Et pour arriver de celui-ci à celui-là, quel détour les capitaux n’ont-ils