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exclu, et s’étant exclu lui même ; mais on semait de la sorte les défiances, la jalousie, et cela suffisait à la haine, presque toujours injuste.

Le Comité central était conduit par des hommes audacieux ; il occupait, dans la presse, des positions formidables : dédaignant de se défendre, il attaqua. Animé à la lutte par la violence de ses adversaires, il fit feu à la fois de ses sept journaux, émut Paris, remua la province ; et, s’il ne parvint pas à modifier d’une manière sensible la majorité ministérielle, il se fortifia du moins aux dépens des opinions indécises, accrut à la Chambre le nombre de ses représentants, et fit, en un mot, sentir sur chaque point de la sphère électorale la présence et le souffle de la démocratie. Jamais, depuis 1830, le pouvoir n’avait vu se dresser contre lui, dans les élections, une minorité aussi forte. À Paris, le nombre des électeurs opposants fut de 6,303, sur un chiffre total de 13,982. Tous les membres parlementaires du Comité central furent réélus. Deux républicains bien connus, MM. Martin (de Strasbourg) et Michel (de Bourges) entrèrent à la Chambre ; M. Arago obtint les suffrages de deux colléges ; il en fut de même du maréchal Clauzel ; et, quelque éclat qu’eussent jeté par l’honorable excès de leur hardiesse les doctrines de M. Voyer-d’Argenson, une minorité imposante se déclara pour lui dans la capitale. Il est vrai qu’au deuxième arrondissement de Paris, M. Jacques Lefèbvre l’emporta sur M. Laffitte ; mais le sixième collége ne tarda pas à dédommager le banquier fameux dans la maison duquel la révolution de 1830 avait campé.