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qui d’avance frappaient de mort tout comité d’Opposition dans lequel ils n’auraient pas siégé.

Le plan était bien conçu la suite le prouva. Une assemblée ayant été indiquée, au marché des Jacobins, dans les bureaux de la Nouvelle Minerve, les deux Oppositions s’y réunirent. La république y siégeait dans la personne de quelques-uns de ses plus fermes représentants, parmi lesquels MM. Dupont, Dornèz, Thomas, rédacteur en chef du National ; Frédéric Degeorges, rédacteur en chef du Propagateur du Pas-de-Calais. La discussion s’ouvrit sous la présidence de M. Laffitte.

Les radicaux s’expliquèrent sur leur but, hautement et fièrement. Jusqu’alors on n’avait cessé de leur reprocher ce qu’il y avait d’intraitable dans leur humeur et de trop fougueux dans leurs agressions : s’ils se décidaient à l’attaque, disait-on, ils ne savaient que tirer l’épée, et leur repos même n’était qu’un isolement farouche. Eh bien, il leur plaisait de prouver combien était injuste l’exagération de ces reproches. Les élections allaient commencer : ils y prendraient part et ils invitaient l’Opposition dynastique à joindre ses efforts aux leurs. Mais pour qu’une telle association fût morale, il fallait qu’on la nouât sans secrète pensée, sans lâche détour, avec l’autorité que donnent aux actions humaines la droiture des intentions et la netteté des aveux. Pas de compromis équivoque entre les principes contraires, pas de concessions mollement échangées. Il s’agissait d’allier les forces contre un ennemi commun, non de confondre les drapeaux.

La proposition était loyale : ce fut avec un mé-