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pas perdre ses observations et ses instruments. Ainsi avait commencé la vie scientifique de M.Arago, vie marquée par une foule de travaux célèbres et d’admirables découvertes.

Ce qui caractérisait M. Arago, c’était la diversité de ses aptitudes. Renommé dans l’Europe entière comme professeur et comme savant, il apportait dans les joutes oratoires une éloquence abondante, lumineuse, nourrie de faits, de citations, de détails saisissants ; et certes parmi les premiers écrivains de son siècle, nul n’aurait pu se flatter de l’emporter sur lui pour l’ampleur, la souplesse, et surtout la clarté du style. Cette dernière qualité avait chez M. Arago quelque chose d’éblouissant, et misait de lui un des plus féconds vulgarisateurs qui aient jamais paru.

Un homme ainsi organisé pouvait d’autant moins se résigner à vivre éloigné de la politique qu’il y était appelé par un esprit naturellement dominateur et un immense besoin d’activité ; car à cette nature, si richement douée, tout semblait convenir également le recueillement et l’action, l’immobilité de l’étude et le mouvement des choses humaines, la contemplation solitaire des mondes et le Forum rempli de tempêtes.

Puissant par la science, M. Arago l’était peut-être plus encore par la passion. Aussi n’avait-il pu se contenter long-temps de l’espèce de dictature que l’Académie des Sciences lui avait volontairement confiée, bien qu’il y eût là des obstacles à vaincre, et des luttes à soutenir, et des ennemis à accabler. Mais, pour que les facultés de M. Arago trouvassent