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M. Guizot et M. Molé s’étaient trouvés d’accord sur la nécessité d’un système de rigueur. Mais lorsque une action est bonne en soi, il y a injustice à ne tenir compte que de ce qu’il s’est glissé de personnel dans les intentions et les motifs. L’amnistie était un appel à la réconciliation des partis ; c’était donc une grande, une noble idée. M. Molé eut le mérite de l’avoir conçue, et le roi celui de l’avoir adoptée sans résistance.

Cependant, l’arrivée de la princesse Hélène était attendue au Château avec impatience. Non qu’un tel mariage fût brillant : il n’avait ni le prestige d’une haute alliance monarchique, ni l’héroïque signification d’un choix national et populaire. Mais, après les refus dont les familles souveraines lui avaient innigé l’auront, la maison d’Orléans se trouvait heureuse que ses offres n’eussent pas été repoussées par une obscure et indigente Cour d’Allemagne.

À part cela, on disait la princesse gracieuse elle avait une âme sensible et douce, de la dignité naturelle, un esprit vif et cultivé. Luthérienne, elle allait entrer dans une famille catholique mais si c’était là pour la reine des Français un sujet de dévote inquiétude, il n’en était pas de même du roi, prince qu’alarmaient faiblement les scrupules religieux et qui n’était pas fâché de trouver l’occasion de prouver sa tolérance.

La demande fut faite au grand-duc régnant par le duc de Broglie, ambassadeur extraordinaire ; elle fut agréée ; et la jeune princesse partit de Ludwigslust, résidence de sa famille. Des épisodes pleins