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bation se manifesta sur les bancs de la pairie. Alors, fidèle à son rôle, Fieschi eut l’effronterie de rappeler à l’ordre son propre avocat, ce qui était une flatterie indirecte adressée aux juges et le couronnement de tant de bassesses !

Me Dupont, avocat de Morey, prit à son tour la parole. Après avoir marqué Fieschi au front comme avec un fer rouge, et fait ressortir, à côté de la jactance du délateur, le courage si calme et si vrai de son client, Me Dupont signala des contradictions sans nombre, soit dans les dépositions des témoins à charge, soit dans les déclarations du principal accusé. Il s’étudia ensuite à prouver que Fieschi avait un complice dont il cachait le nom et auquel se rapportaient les inculpations dirigées contre Morey ; que celui-ci n’avait été choisi que pour tenir la place du complice inconnu protégé par Fieschi ; que Fieschi, en un mot, et Nina Lassave, s’étaient entendus pour perdre Morey. Ce système, développé avec un admirable talent d’induction, avait produit sur l’auditoire une impression profonde ; elle fut au comble quand, d’une voix saisissante et avec un geste violent, M. Dupont s’écria: « Croyez-vous que la tâche de l’avocat soit achevée quand il a défendu son client ? Oui, si son client est acquitté ; mais, si on le condamne, il est pour l’avocat un autre devoir à remplir. Pour moi, si Morey est condamné, je ne passerai pas un seul jour de ma vie sans rechercher le complice véritable de Fieschi. Et vous, Messieurs, après avoir fait tomber la tête de Morey, ne craindriez-vous pas que mes recherches ne fussent suivies de succès, et