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poussé à la guerre ; d’avoir écrasé les Koulouglis de Tlemsen, nos alliés, d’une contribution énorme, dont il avait exempté les Hadars, nos ennemis, et qui, levée par des étrangers, par des indigènes, avait donné lieu à d’abominables extorsions, à des trafics spoliateurs. On lui reprochait aussi la province de Bone, livrée aux violences de Joussouf, et l’expédition de Constantine, entreprise sur la foi des illusions les plus téméraires. Sa réponse ne le justifia point d’une manière complète, mais elle fut noble et d’une tristesse pleine de grandeur. « Je connaissais, dit-il en commençant, la fatalité qui s’attache à tous les services rendus au loin, surtout à ceux qui tendent à donner de nouvelles provinces à la patrie. Dupleix disgracié sur le rapport de quelques commissaires intéresses, après avoir établi notre puissance dans l’Inde ; Labourdonnais abreuvé de dégoûts et d’injures, Lally-Tollendal mourant sur l’échafaud, un baillon entre les dents… Je savais tout cela et je suis parti. » Il reprit ensuite une à une les accusations dirigées contre lui. Oui sans doute il avait voulu, en Afrique, une guerre énergique et décisive ; et de quel droit venait-on lui en faire un crime ? Puisqu’on n’entendait pas abandonner l’Algérie, ne fallait-il pas la soumettre ? Et comment la soumettre, si par l’incertitude des plans, la puérilité des efforts tentés, l’insuffisance des ressources mises en action, la domination française s’osait à la risée des Arabes ? Vouloir, il fallait vouloir. On lui demandait compte de la contribution frappée sur les Koulouglis de Tlemsen ? Mais d’avance ils