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dire, dans un langage plus spirituel que mesuré : « Le roi a deux manières de sonner M. de Montalivet. Quand il le sonne d’une façon, il vient ; quand c’est de l’autre, il s’en va. »

Or, pendant que les intrigues se croisaient de la sorte autour du trône, le public se perdait en conjectures sur les causes, sur la durée de l’interrègne ministériel. La presse nourrissait et déjouait par milles récits changeants la curiosité des oisifs. À la Chambre, plus de discussions suivies ; tout débat languissait ; la parole découragée des orateurs tombait dans le vide, et chacun s’inquiétait du pouvoir absent. Enfin, dans la séance du 15 avril (1837), M. Guizot, en allant reprendre, au Centre Droit, sa place de simple député, apprit à ses collègues qu’un dénouement venait d’être donné à la crise. Deux listes, en effet, avaient été concurremment présentées au roi l’une par M. Guizot, l’autre par M. Molé. La première portait les noms de MM. de Montebello, Guizot, Dumon, de Rémusat. La seconde assignait la présidence du Conseil et le département des affaires extérieures à M. Mole la justice et les cultes à M. Barthe ; l’intérieur à M. de Montalivet l’instruction publique à M. de Salvandy ; les finances à M. Lacave-Laplagne. Ce fut pour celle-ci que le roi se décida. Elle laissait le ministère des travaux publics à M. Martin (du Nord), le portefeuille de la marine à M. de Rosamel, et chassait du pouvoir le parti doctrinaire, frappé dans la personne de MM. Guizot, de Gasparin et Duchâtel.