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convainquît du crime de pauvreté, et qu’on les admît comme coupables à l’amer banquet où ils n’avaient pu trouver place comme travailleurs. Et ce qui se passait alors dans l’enceinte des tribunaux, on le devine : ils étaient condamnés, ces coupables, mais par des juges attendris, mais devant un auditoire qui, quelquefois, fondait en larmes et, lorsqu’ils se mettaient en route pour la prison, la charité les attendait aux portes de la salle d’audience, la main pleine de dons pieux. Protestation admirable contre les vices de notre ordre social ! touchant et philosophique hommage rendu à la puissance de l’Évangile, au milieu des douleurs et des folies d’une civilisation corrompue !

Cependant, la loi d’apanage est présentée. Non contente de demander un million pour la dot de la fille aînée du roi, reine des Belges, et un accroissement de revenu d’un million pour l’héritier présomptif, duc d’Orléans, la Cour veut qu’on donne au duc de Nemours le domaine de Rambouillet, en y ajoutant les forêts de Sénonche, de Châteauneuf et de Montécaut. Mais, accueillie d’abord sans murmures dans les bureaux de la Chambre, la proposition n’est pas plus tôt connue du public, que partout l’opinion s’émeut et gronde. On rappelle que le roi jouit d’une liste civile de douze millions ; que la munificence nationale lui a généreusement abandonné neuf millions perçus en trop dans les premiers mois de son règne qu’il lui a été loisible de conserver son domaine privé, à la différence de tous ses prédécesseurs, lesquels se faisaient gloire, en montant sur le trône, d’ajouter le leur à