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les industriels qui, dans l’ardeur sauvage de leur avidité, allèrent, dit-on, jusqu’à exploiter des ossements humains, jusqu’à bâtir avec des débris de tombeaux !

Le gouvernement aurait dû envoyer en Afrique assez de troupes pour la soumettre, et il ne l’avait pas fait ; il aurait dû prendre lui-même en main la colonisation, et il l’avait abandonnée à des spéculateurs privés, que devaient suivre naturellement des bandes d’aventuriers faméliques : il n’y avait donc rien qui tînt à l’essence même des choses dans ce qui se passait en Afrique ; mais on devine quelles armes une pareille histoire Fournissait à ceux qui tels que MM. Desjobert et Passy, avaient toujours mal auguré de notre établissement. La Chambre, de son côté, n’envisageait la question que sous un point de vue étroit, faux par conséquent ; au lieu de chercher à résoudre le problème en l’embrassant dans toute son étendue, elle limitait les crédits avec une déplorable parcimonie, demandait sans cesse la réduction de l’effectif, marchandait en un mot avec la conquête, ce qui revenait à perpétuer le décousu des opérations, les courses stériles, les ravages les alternatives d’anarchie et d’oppression.

Nul n’était plus convaincu que le maréchal Clauzel de la nécessité d’une direction large et hardie. Impatient de faire prévaloir ses vues, il quitta l’A&Ique dans les premiers jours d’avril, et se rendit à Paris.

Avant de partir, il avait décidé qu’un camp retranché serait établi à l’embouchure de la Tafna de manière à ce que la garnison française de Tlemsen pût communiquer plus promptement avec la